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Le Vietnam, terre de migrants

Auteure : Jade Nguyen
IrAsia (AMU-CNRS; UMR 7306) – http://www.irasia.cnrs.fr

Longtemps les Vietnamiens se sont crus sédentaires et incapables de quitter leur village, mais la réalité est tout autre…

Les migrations vietnamiennes dans l’empire français

Dans la première moitié du xixe siècle, après avoir réussi à réunifier le pays, les empereurs Nguyễn n’ont pu faire face au défi occidental, malgré des appels à la modernisation et à l’ouverture du pays pour résister à la pression des puissances européennes. Au fur et à mesure de la colonisation, « l’empire Đại Nam » a été démembré et ses territoires sont désormais appelés Cochinchine, Tonkin et Annam, faisant partie de l’Indochine française, qui compte également le Laos et le Cambodge. Au tout début du xxe siècle, quelques centaines de jeunes Vietnamiens partent vers le Japon, le fameux « voyage vers l’est », pour étudier l’exemple japonais en vue de lutter pour l’indépendance de leur pays. D’autres Vietnamiens partent à l’ouest découvrir l’Occident. Le nombre d’étudiants et d’intellectuels vietnamiens en France n’a jamais été très important, mais plusieurs d’entre eux ont joué un rôle éminent, dont un certain Nguyễn Ái Quốc (Nguyễn qui Aime sa Patrie), membre fondateur du Parti commu­niste français et connu plus tard sous le nom de Hồ Chí Minh, premier président du Vietnam indépendant.

« Michel et sa maman à Noyant sur Allier », rapatriés en France après la défaite de Dien Bien Phu en 1954. © archives privées M. Urbain

Les migrations les plus massives ont été organisées pour l’exploitation économique dans l’empire français, d’une part, et pour « participer à l’effort de guerre » en Métropole, d’autre part. Des milliers de Tonkinois ont été engagés sous contrat et envoyés dans le Pacifique pour travailler dans les mines, comme le montre le panneau suivant, mais des engagements ont également été très nombreux pour les plantations d’hévéas en Cochinchine. Quant aux deux Guerres mondiales, environ 90 000 Vietnamiens ont été mobilisés lors de la Première, au front comme dans des usines, puis environ 27 000 pendant la Seconde. Partis sous la contrainte, mais parfois aussi par choix, ces migrants ont découvert d’autres pays et d’autres cultures. Ils s’y sont installés ou sont rentrés dans leur pays natal, en ramenant avec eux des objets, des modes de vie et des idées.

Escalier de la gare Saint Charles : les colonies d’Asie par Louis Botinelly.

Actuellement, des millions de Vietnamiens dans le monde

Environ 5 millions de Vietnamiens vivent en dehors des frontières du Vietnam. Leur départ a été motivé par différentes raisons : nombreux sont partis vers la France après la guerre d’Indochine à la fin des années 1950, puis après la guerre du Vietnam les boat people ont quitté le pays pour rejoindre no­tamment les États-Unis. À la fin du xxe siècle et au début de notre siècle, un nombre important de travailleurs ont été envoyés dans les pays d’Europe de l’Est, en Asie (Japon et Corée) et dans des pays du Golfe. Actuellement, de jeunes diplômés cherchant un travail mieux rémunéré s’installent en Australie, mais aussi en Europe et en Amérique du Nord.

La ligne d’Extrême Orient des Messageries Maritimes. Le voyage durait un mois, c’était une occasion de rencontres et de découvertes.
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