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La littérature de science-fiction chinoise : miroir d’une société en pleine mutation

Auteur : Loïc Aloisio
IrAsia (AMU-CNRS; UMR 7306) – http://www.irasia.cnrs.fr

La science-fiction est le miroir de l’advenu, de l’actualité et de l’avenir. S’y plonger permet donc de comprendre la société de laquelle elle émerge.

La littérature de science-fiction (SF) chinoise fut éprouvée par la séculaire caresse du temps, de l’aurore de sa vie jusqu’à aujourd’hui.

Depuis plus d’un siècle, elle évolua du conte de fées aux technologies utopiques de la fin de la dynastie Qing (1900-1911) jusqu’à l’utopie socialiste du début de la République populaire (1949-1966), puis poursuivit, après un silence de dix ans à la suite de la Révolution culturelle (1966-1976), jusque dans les années 1980 où elle fut mise sous pression en étant considérée comme de la pollution spirituelle, pour enfin renaître au début des années 1990 jusqu’à devenir un genre plus sombre, engagé et témoin de son époque.

La SF étant inhérente aux contextes économique, social et politique dans lesquels elle prend vie, elle est donc le reflet des questionnements de ses contemporains, de leurs inquiétudes et de leurs espoirs projetés dans des lendemains plus ou moins proches, des présents autres, voire des temps révolus uchroniques. En effet, la société chinoise et son quotidien, son histoire ainsi que sa culture sont le sol nourricier dans lequel tout écrivain chinois de SF s’enracine, la source vive dans laquelle puise tout auteur.

Même si une certaine confiance en l’avenir, surtout en ce qui concerne la place de la Chine sur la scène internationale, est décelable dans plusieurs œuvres, beaucoup d’ouvrages mettent cependant l’emphase sur les problèmes sociaux et sociétaux actuels que rencontre la Chine, tels que la pollution, la surpopulation, les inégalités sociales et économiques, la pression sociale, ainsi que le contrôle permanent des autorités visant à maintenir la stabilité dans une société qui se développe à tombeau ouvert. Certains auteurs semblent en effet se servir de la SF comme d’un moyen de faire passer leurs inquiétudes et revendications face à une société qui évolue trop vite et qui semble laisser derrière elle toute une partie de la population ; usant ainsi de leur nature scrutatrice pour, à la fois, faire le diagnostic de la situation actuelle et avertir leurs contemporains sur les éventuelles dérives à venir.

« Ébréchine », 24/08/2012. Crédits photos : Loïc Aloisio

Cependant, s’il est vrai que le monde de la littérature de SF chinoise est en pleine effervescence ces temps-ci, s’il est vrai que de plus en plus de regards sont portés sur cette littérature jusqu’alors relativement délaissée, on ne peut nier qu’elle fait encore face à de nombreux problèmes (aussi bien intrinsèques qu’extrinsèques, tels que la pression politique grandissante), qu’elle se devra de résoudre ou de dépasser dans les années à venir, sous peine de n’être qu’une bougie qui s’essouffle et qui n’est jamais aussi étincelante qu’avant de s’éteindre.

La Chine a inventé l’imprimerie au IXe siècle, soit six siècles avant Gutenberg.
La Chine, avec ses 4 000 km d’est en ouest, devrait s’étendre sur cinq fuseaux horaires, or celle-ci utilise uniquement l’heure de Pékin.
Respirer l’air de Pékin durant une journée est à peu près équivalent à fumer 21 cigarettes par jour.

Bibliographie, liens, références utiles

TRADUCTIONS

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ARTICLES français

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ARTICLES anglais

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