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Conférences

Les petites conférences
Horaires : 17h-18h30

Mardi 10 décembre
Les enfers bouddhiques : le parc de l’horreur de Wang Saen Suk (Thaïlande) / Louise Pichard-Bertaux (CNRS – IrAsia)

Résumé : Esprits, fantômes et monstres en tous genres font partie intégrante de la vie quotidienne des Thaïs. Pas de maison ou d’immeuble sans sa « maison des esprits », pas de lacs ou de rivières sans ses créatures étranges, pas de rizière ou de forêts sans ses esprits. Bienveillantes ou cruelles, ces entités accompagnent les Thaïs tout au long de leur vie, créant un rapport particulier au monde réel en y introduisant un univers surnaturel. Cette conférence s’attachera à explorer un parc d’attraction dédié aux créatures de l’enfer bouddhique, lieu coutumier des balades en famille pour les habitants de la région. Conçu pour éduquer les visiteurs, le parc permet de connaitre les punitions prévues pour chaque péché répertorié. C’est donc une visite tout à fait édifiante des enfers qui est proposée, loin des représentations habituelles de la Thaïlande comme les temples aux bouddhas souriants ou les plages paradisiaques.

Présentation de la conférencière : Ingénieure de recherche au CNRS (IrAsia), Louise Pichard-Bertaux traduit et analyse des corpus de littérature thaïe contemporaine et exploite des archives de chercheurs sur la Birmanie et le Viêt Nam. Elle collabore à l’édition de deux revues produites par l’IrAsia : Moussons et Idéo. Depuis janvier 2018, L. Pichard-Bertaux dirige l’Unité Mixte de Service Maison Asie-Pacifique.


Jeudi 12 décembre
Âge de pierre, tribus perdues et gros bobards : comment l’ethnologie torpille les fake-news / Pierre Lemonnier (CNRS – CREDO)

L’ethnologie de peuples un peu isolés de la Nouvelle-Guinée ne consiste pas seulement à observer et décrire leurs modes de vie et de pensée ou la façon dont ils s’accommodent de la modernité. Elle doit aussi en présenter au plus large public un tableau aussi précis et convaincant que possible et montrer la fausseté et le racisme involontaire que certaines des images que l’on attache à ces lointaines contrées ne sont que des fables. Or il n’est pas simple de démontrer que la grande île n’abrite plus ni cannibales ni hommes à l’âge de pierre ; que la visite d’un ethnologue, d’un géologue ou d’un documentariste ne détruit pas une culture ; ou que nul peuple ne refuse l’école ou les services de santé. On expliquera ce que recouvre l’expression « tribu isolée de Nouvelle-Guinée » au XXIème siècle. On exposera les informations multiples qui prouvent de manière incontestable qu’il n’existe pas de peuples inconnus. Pour finir, on dira deux mots des devoirs de l’anthropologue : rectifier l’image que les médias donnent de ceux qui l’ont accueilli, bien sûr, mais pas seulement.

Présentation du conférencier : Pierre Lemonnier est anthropologue, anciennement directeur de recherche au CNRS (Centre de Recherche et de Documentation sur l’Océanie, AMU, Marseille). Après des travaux d’anthropologie économique et de technologie culturelle chez les producteurs de sel de la Côte Atlantique (Les salines de l’Ouest, 1980 ; Paludiers de Guérande, 1984), il a entrepris l’étude monographique de groupes anga, dans les montagnes de Papouasie-Nouvelle-Guinée, où il a passé plus de quatre ans : Baruya et Ankave (associé à P. Bonnemère, CNRS, avec qui il a publié Les Tambours de l’oubli, 2007). Ses travaux ont abordé les rites mortuaires (Le sabbat des lucioles, 2006) et la culture matérielle (Elements for an Anthropolology of Technology, 1992; Technological Choices, 1993 ; Mundane Objects. Materiality and Non Verbal Communication, 2012). Ses recherches actuelles portent sur le rôle des objets et des actions matérielles dans les initiations masculines des Anga : que font ces pratiques matérielles dans la vie des gens, ici dans des rituels qu’ils placent au centre de leur vie collective, que des mots ou des symboles ne suffiraient pas à faire ?


Mardi 17 décembre
Artisanat et tourisme : le cas du tissage dans un village wa du Yunnan (Chine) / Sarah Coulouma

Résumé : Les Wa sont une des « nationalités minoritaires » officiellement reconnues par le gouvernement de Chine continentale depuis un demi-siècle. Dans le district de Cangyuan, le village wa de Wengding, aussi surnommé « dernière tribu primitive de Chine » par les acteurs de l’industrie touristique extérieurs au village, est la cible d’un projet de développement touristique depuis les années 2000. Après une présentation des étapes et des caractéristiques de la mise en tourisme de l’espace villageois, nous verrons à travers la pratique artisanale du tissage que les membres de la communauté ne sont pas passifs face à ce développement touristique. Les tisserandes, saisissant l’opportunité commerciale nouvellement offerte, développent leur savoir-faire et leurs créations. Ce faisant, elles modèlent de nouveaux rapports aux tissus et au tissage. Tels des «fils sociaux insaisissables» (March, 1983 : 737), ces objets et leurs confections se révèlent être une scène de la fabrique du social.

Présentation de la conférencière : Sarah Coulouma a obtenu son doctorat en décembre 2018 après avoir suivi des formations en études chinoises à Aix-Marseille Université et à l’université chinoise du Yunnan. Ethnologue spécialiste du monde chinois, elle continue ses recherches sur la thématique du tourisme et du développement dans la province chinoise du Yunnan, situé à l’extrême sud-ouest du territoire de la République populaire, une région où vit une grande diversité de populations. Dans le cadre de son doctorat, elle a travaillé sur un village de la nationalité minoritaire chinoise Wa, et a étudié la façon dont la communauté villageoise a accueilli et prend part à un projet de développement touristique initié par les autorités locales. Dans ce cadre, elle s’est intéressée à la mise en scène touristique du village, aux pratiques rituelles des villageois ou encore à l’activité de production artisanale de tissus. ( Aujourd’hui, elle va donc nous parler de la pratique du tissage dans ce village …).


Jeudi 19 décembre
Quand les récits dessinent les paysages. ‘Uvea (Wallis), une île aux histoires / Alice Fromonteil

Résumé : La frontière entre le réel et l’imaginaire se trouble parfois à l’écoute des histoires racontées sur l’île de ‘Uvea (Wallis) située en Polynésie occidentale. Par leur voix et leur geste, les narrateurs mettent en scène un riche répertoire narratif en mobilisant diverses connaissances et expériences selon les situations d’énonciation. Ce qui se joue au cours des pratiques narratives dépend du statut de l’orateur en interaction avec l’auditoire, mais aussi des espaces à partir desquels la parole se déploie. En l’absence de cadastre, les représentations et les pratiques liées à l’espace, à l’environnement et au foncier sont étroitement tributaires de l’art oratoire. À l’écoute d’un éventail de récits historiques, imagés et oniriques, cette plongée dans l’univers narratif wallisien entend explorer la manière dont les orateurs nouent un rapport étroit avec l’espace, et font de l’art verbal un puissant vecteur rhétorique et émotionnel pour s’approprier leur langue, leur terre et leur histoire.

Présentation de la conférencière : Alice Fromonteil a récemment soutenu une thèse en anthropologie sur l’art de raconter à ‘Uvea, à l’université d’Aix-Marseille. À partir d’une enquête ethnographique de 18 mois sur cet archipel, son travail aborde la question des récits avec une approche à la fois littéraire, gestuelle, linguistique et esthétique.

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