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La violence à l’école : exemple du Vanuatu

Auteur : Alice Servy – http://www.lped.fr/
LPED (AMU-IRD- UMR 7308) – http://www.pacific-credo.fr

D’après une enquête démographique et de santé menée au Vanuatu en 2013, 51 % des parents considèrent que pour élever correctement leurs enfants, il faut les corriger physiquement.

Définir la violence à l’école, c’est surtout montrer comment une société détermine les contextes et les formes de douleurs qui sont acceptables en milieu scolaire et ceux qui doivent être punis. Certaines formes de douleurs sont considérées comme justifiées ou raisonnables, alors que d’autres sont jugées abusives et violentes. S’il est important d’appréhender la violence comme une construction sociale et culturelle, il est également primordial de considérer le caractère dynamique de cette construction.

Pièce de théâtre abordant la question des violences à l’école, 2018. Crédit photo : Alice Servy

La violence, c’est frapper fort sans but éducatif

L’école est l’une des institutions qui participe à la construction, la reproduction et la transformation des représentations et des pratiques violentes. Les recherches ethnographiques menées dans une école de la capitale du Vanuatu ont tout d’abord permis de développer une typologie locale des violences. Dans cet établissement, ce n’est pas simplement le fait de frapper fort (en laissant des marques sur le corps) qui est considéré comme une violence (vaelens en bislama), c’est frapper fort sans but éducatif. Le terme vaelens s’oppose ainsi à celui de tijim, de l’anglais « teach » (enseigner). L’école perpétue ainsi l’idée que l’usage de la force physique est un outil de punition et d’enseignement acceptable. Des coups de bâton et de règle sont par exemple administrés aux élèves pour les discipliner. Une enseignante de primaire l’explique ainsi : « Quand ils ont mal, ils écoutent, ils apprennent mieux ».

L’école et les violences faites aux femmes

L’école véhicule des représentations du féminin et du masculin qui peuvent avoir un impact plus ou moins direct sur les violences faites aux femmes. Elle participe ainsi à la différenciation et à la hiérarchisation selon le sexe, à travers l’uniforme porté par les élèves (jupe pour les filles, short pour les garçons), les activités sportives proposées (équipes non mixtes, netball pour les filles, football pour les garçons), les corvées réalisées (les filles sont les seules à balayer, surtout dans les grandes classes) ou encore la séparation spatiale (parfois non-mixtes en classe).

Dispute entre élèves de maternelle, 2018. Crédit photo : Alice Servy

La lutte contre les violences à l’école

Différents acteurs luttent cependant contre les violences à l’école, surtout lorsque celles-ci sont considérées comme injustifiées ou trop brutales. Des organisations de la société civile et non gouvernementales interviennent par exemple auprès des écoliers pour tenter de transformer les représentations des relations hommes-femmes, ainsi que des coups et de leur acceptabilité.

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