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Vanuatu, des maisons pour résister aux cyclones

Auteure : Maëlle Calandra
1. CREDO(AMU-CNRS-EHESS; UMR 7308) – http://www.pacific-credo.fr 
2. Université Clermont Auvergne

« Le Vanuatu est le pays le plus exposé aux catastrophes naturelles dans le monde » affirme le WorldRisk index des Nations unies dans son rapport pour l’année 2018, et ce pour la huitième année consécutive.

Tongoa est une île du centre du Vanuatu, localisée dans le groupement des îles Shepherd. Le Vanuatu est un pays mélanésien qui se trouve sur la « ceinture de feu », à la jointure instable des plaques tectoniques pacifique et indo-australienne. Les activités volcaniques et sismiques y sont importantes et régulières, en raison de la présence de sept volcans aériens et de deux volcans sous-marins. Chaque année, jusqu’à 6 000 secousses y sont enregistrées. Durant les mois de novembre à avril, le pays est en moyenne traversé par deux à trois cyclones et plusieurs dépressions tropicales.

Carte de Tongoa

Risques naturels et architecture : l’exemple de l’île de Tongoa

Dans ce contexte environnemental où des événements destructeurs sont récurrents, les constructions locales jouent un rôle prépondérant dans la réduction des risques de catastrophe. À Tongoa, les familles construisent des maisons appelées ekopu ni Tongoa. Elles sont principalement élaborées à partir de matériaux locaux prélevés en forêt ou cultivés en bordure des jardins de subsistance, tels les sagoutiers (Metroxylon warburgii), les cannes sauvages (Miscanthus sinensis) et les bambous (Bambusa spp). Ces habitations ont une base cylindrique, demi-sphérique, et des toits de tuiles végétales à deux versants qui descendent jusqu’au sol. L’épaisseur du chaume permet à la structure de rester fraîche par temps chaud et de filtrer l’excès d’humidité durant la saison des pluies. La charpente étant basse, en cas d’intempéries, les adultes peuvent la maintenir facilement en s’y accrochant. C’est là qu’ils trouvent refuge lorsqu’un cyclone sévit. À cet égard, la nuit du 13 au 14 mars 2015, lorsque l’ouragan Pam de catégorie 5/5 (soit le rang de gravité le plus élevé sur l’échelle de Saffir-Simpson) s’est abattu sur l’île, personne n’est mort, car tout le monde s’est abrité au sein des ekopu ni Tongoa.

Pam, un cyclone qui a amené de nouvelles idées de construction

Cet ouragan dont les rafales ont été estimées à près de 350 km/h a anéanti la plu­part des infrastructures des îles Shepherd. À Tongoa, près de 90 % des maisons ont été détruites. Des ONG du monde entier ont distribué des matériaux de reconstruction rapide (tôles ondulées, chevrons, sacs de ciment, bâches en plastique, clous) pour qu’en quelques semaines les villages soient réhabilités. Toutefois, certains habitants ont considéré que ces matériaux ne seraient pas suffisamment résistants pour les protéger en cas de nouvel ouragan. À ce titre, ils ont choisi de reconstruire des maisons selon les techniques d’antan, c’est-à-dire uniquement à partir de matériaux locaux, et ont renforcé celles-ci avec la tôle des ONG.

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