
Auteurs : Pascale Bonnemère et Laurent Dousset
CREDO (AMU-CNRS-EHESS; UMR 7308) – http://www.pacific-credo.fr
C’est en Océanie que l’on trouve la plus grande diversité linguistique au monde. Les 1 250 langues d’Australie, de Nouvelle-Zélande et des îles du Pacifique représentent 18 % des langues parlées dans le monde, alors que cette région ne contient que 0,5 % de la population mondiale.
Trois grands groupes de familles linguistiques
Les langues océaniennes peuvent être regroupées en trois ensembles qui reflètent les vagues migratoires qu’a connues l’Océanie : les plus anciennes sont les langues australiennes parlées par les Aborigènes d’Australie (environ 300 langues appartenant à 27 familles linguistiques), puis les langues papoues (plus de 1 100 langues appartenant à une trentaine de familles linguistiques), et enfin un groupe plus homogène issu de la dernière migration, avec 1 200 langues appartenant à la famille austronésienne. Ces dernières se retrouvent majoritairement dans les régions de la Mélanésie insulaire et de la Polynésie et n’existent qu’en nombre limité sur les côtes de l’île de la Nouvelle-Guinée où la grande majorité des langues connues à ce jour appartiennent à l’ensemble des langues papoues qui descendent de la première migration, bien plus ancienne.

Des langues véhiculaires
La diversité des langues océaniennes s’est accrue aux XVIIIe et XIXe siècles avec la colonisation européenne. Les contacts entre Océaniens et Européens ont donné naissance à diverses nouvelles langues véhiculaires, composées d’un vocabulaire moins complet permettant l’intercompréhension entre les deux populations. Ces « pidgins » conservent une grammaire dont les fondements proviennent des langues océaniennes, mais comportent un lexique fortement influencé par les langues coloniales, principalement l’anglais, mais aussi l’espagnol, l’allemand et le français. Dans certains contextes, par exemple les régions urbaines, ces nouvelles langues sont devenues la langue véhiculaire première, permettant à des populations diverses de communiquer entre elles. Tel est le cas du Tok Pisin en Papouasie Nouvelle-Guinée, qui est devenu la seconde langue nationale, derrière l’anglais, du Pijin aux Salomon et du Bichelamar au Vanuatu.
Des langues en voie de disparition
Le problème des langues en voie de disparition est complexe. De nombreux linguistes estiment que, pour qu’une langue soit pérenne, il est nécessaire qu’elle ait au moins 500 locuteurs. Or, nombre de langues océaniennes comptent moins de 500 locuteurs depuis des siècles et pourtant ne peuvent pas être considérées comme étant en voie de disparition. Dans d’autres cas, des langues qui comptent bien plus de 500 locuteurs sont en danger de disparaître lorsque les pidgins sont sur le point de devenir la langue véhiculaire première.
