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Le peuplement de l’Océanie

Auteure : Pascale Bonnemère
CREDO (AMU-CNRS-EHESS; UMR 7308) – http://www.pacific-credo.fr

Les premières populations à occuper l’Océanie proche, y compris l’Australie, y ont migré à partir de l’Asie du Sud-Est il y a plus de 60000 ans.

Une première vague migratoire : entre Sunda et Sahul

Le réchauffement climatique est au cœur de l’histoire du peuplement de l’Océanie. Même s’il s’accélère aujourd’hui en raison des activités industrielles humaines, il a toujours été un phénomène propre à la planète Terre. Il y a 60 000 ans, lors d’une période dite glaciaire, le niveau de la mer était de 150 mètres plus bas qu’aujourd’hui et le continent australien était relié à la Tasmanie au sud et à la Nouvelle-Guinée au nord. L’ensemble formait un plateau que les préhistoriens appellent Sahul. À l’ouest, séparé de ce plateau par plusieurs bras de mer dont les plus longs n’excédaient pas une centaine de kilomètres, se trouvait un autre plateau, Sunda, qui englobait une partie des îles de l’Indonésie et des Philippines, et était rattaché à l’Asie du Sud-Est continentale.

Ces bras de mer furent probablement franchis à l’aide d’embarcations légères comme des pirogues ou même des radeaux. Les préhistoriens ne s’accordent pas tous sur les dates de peuplement de
l’Australie et de la Nouvelle-Guinée à partir de Sunda mais elles se situent à un peu plus de 60 000 ans pour l’Australie et la Nouvelle-Guinée, un peu plus de 45 000 ans pour l’archipel Bismarck, situé au nord-est de la Nouvelle-Guinée, et un peu plus de 32 000 ans pour les îles Salomon.

Une deuxième vague migratoire, dite austronésienne

À la faveur d’une période de ré­chauf­fement climatique qui eut lieu il y a 12 000 ans, les terres émergées entre les pays maritimes actuels de l’Asie du Sud-Est et entre l’Australie et la Nouvelle-Guinée furent recouvertes par la mer.

Il y a 5 000 ans, ­des navigateurs expérimentés venus d’Asie, parlant des langues dites austronésiennes, embarquèrent et découvrirent à leur tour des terres océaniennes. Ils allèrent cependant bien plus loin que les premiers. Ce sont les migrations dites austronésiennes, qui s’étendirent pro­gres­si­vement du continent­ asiatique le long des côtes de la Nouvelle-Guinée et vers la Micronésie, jusqu’à la Polynésie orientale et aussi vers Madagascar.

Il y a environ 3 500 ans, ces populations fabriquèrent et emmenèrent des poteries rouges à motifs pointillés appelées par les archéologues « poteries lapita ». La présence de ces poteries dans une vaste zone, appelée aire Lapita, qui s’étend de l’archipel Bismarck jusqu’à Samoa, Tonga et l’archipel de Wallis et Futuna, révèle l’étendue des premières migrations austronésiennes. Bien plus récemment, il y a environ 1 000 ans, des navigateurs polynésiens atteignirent Hawaï, la Nouvelle-Zélande et l’île de Pâques. Ce sont les migrations polynésiennes. L’ancienneté des premières migrations il y a plus de 60 000 ans explique la diversité linguistique et culturelle considérable de l’Australie et de la Nouvelle-Guinée. En revanche, les études des caractéristiques linguistiques et culturelles des populations d’origine austronésienne de la seconde vague montrent de plus grandes similarités entre les sociétés. Quant à la vague migratoire la plus récente, elle rend compte de la grande uniformité des populations de Polynésie orientale.

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